Concrètement, quel est le rôle d’Île-de-France Mobilités en matière de vélo ?
Christian Gioria : Notre objectif, chez Île-de-France Mobilités, c'est de permettre aux Franciliens de composer la mobilité qui leur ressemble, de leur apporter une réponse intégrée, globale, à leurs besoins de transports.
Métro, bus, tram, train ou vélo : l'ambition est la même. En matière de vélo, nous apportons notre pierre à l’édifice sur la partie stationnement, les services et l’aide à l’achat. Nous menons également un travail sur notre application mobile pour qu'elle intègre de plus en plus ce sujet.
Est-ce vraiment le rôle d'une autorité organisatrice des transports de se mêler du développement de la pratique du vélo ?
Le vélo est un mode de mobilité « normal » qui doit s’interfacer naturellement avec les autres modes de transport. En Finlande, même par -20 degrés, les gens font du vélo. À Séville, en Espagne, malgré 40 degrés en été, les gens font du vélo. La pratique du vélo n'est pas liée à une météo favorable, à un air du temps... C'est juste une question de politique publique. Donc, oui, le développement du vélo est absolument dans le périmètre d'Île-de-France Mobilités.
Cela veut dire que demain nous serons tous à vélo en Île-de-France ?
En tout cas, il existe désormais une demande forte en Île-de-France pour le vélo. Une demande soutenue par la Région Île-de-France, d'ailleurs, avec le développement du Réseau Vélo Île-de-France, un réseau de 9 pistes cyclables qui relieront les grands pôles de la région. Il y a quelques années encore, peu de gens envisageaient d'aller au travail à bicyclette. Mais les événements récents (grèves, crise sanitaire), mis en parallèle d'une volonté forte de développement des infrastructures, ont débloqué la pratique. Les Franciliens se sont lancés. Et durablement.
On le voit bien quand on mesure les demandes liées à nos consignes vélos, dans les gares. Les Franciliens veulent plus de Parkings Vélos, mais aussi des améliorations de la qualité de service dans ces consignes et même la possibilité de stationner différents types de vélo, comme des vélos cargo ou rallongés. Cet engouement nous ravit et nous essayons de prendre en compte ces différents besoins.
Mais si je travaille loin de chez moi... Je ne vais tout de même pas traverser l'Île-de-France à vélo au quotidien ?
Aujourd'hui pour se rendre à son travail, 1 Francilien sur 2 parcourt moins de 9 kilomètres*. Et ça tombe bien ! Neuf kilomètres, c'est la distance moyenne parcourue par un Vélo à Assistance Électrique (VAE), comme ceux proposés par Véligo Location.
Mais surtout, chez Île-de-France Mobilités nous croyons à la puissance de l'intermodalité et nous œuvrons au quotidien pour faciliter la combinaison train / RER + vélo pour les trajets plus longs. Et nous l'avons mesuré : 1 abonné Navigo sur 6 qui a délaissé sa voiture au profit du train l'a fait parce qu'un équipement vélo est disponible dans la gare près de chez lui.
Le développement de l'intermodalité avec le vélo, concrètement ça veut dire quoi ?
Cela passe par la multiplication des parkings vélo aux abords des gares avec 140 000 places de stationnement vélo créée partout en Île-de-France, d'ici à 2030.
Cela veut dire que des équipements visibles, positionnés au plus proche du bâtiment voyageurs, desservis par des aménagements cyclables.
Cela passe aussi par une diversification des équipements avec la mise à disposition de stationnements en libre accès gratuits, pour les utilisateurs ponctuels, et de consignes sécurisées accessibles sur abonnement (un abonnement gratuit avec un abonnement annuel - ndlr) pour les personnes qui voudraient laisser leur vélo toute la nuit (c'est notamment intéressant pour les Franciliens qui font le trajet en vélo depuis leur gare d'arrivée jusqu'à leur lieu d’emploi et donc laissent leur vélo à la gare toute la nuit).
Développer l'intermodalité et les parkings vélos, cela implique aussi de proposer des services – des casiers pour déposer son casque ou sa cape de pluie, une station de gonflage... Mais aussi du gardiennage et une présence humaine pour s’abonner en courte durée. Cela passe aussi par la création de parkings ultra-capacitaires dans les grandes gares, celles qui concentrent le maximum de voyageurs quotidiens.
Quel avenir pour Véligo Location ?
Véligo Location, c'est un véritable succès, tout le monde veut garder son Véligo plus longtemps ! Lancé fin 2019, notre vélo à assistance électrique en location a déjà séduit 95 000 Franciliens ! Mais cela ne m'étonne pas : une étude, menée en amont du lancement, avait établi que 250 000 Franciliens étaient très intéressés par un tel service. Lancer une flotte de 250 000 vélos, c'était irréaliste, mais le nombre de vélos Véligo progresse. Aujourd'hui, nous disposons de 20 000 VAE classique et de 1000 vélos cargo.
L'idée, avec Véligo Location, cela reste de permettre à un maximum de Franciliens de tester leur pratique du vélo (à assistance électrique)... avant d'acheter le cas échéant leur propre VAE, avec le soutien de la prime à l'achat.
* Source ADEME, étude services vélo 2019